La plus grande oasis du Tchad, Faya-Largeau, semble présenter un tableau classique des études sahariennes en matière de relations de travail et de hiérarchies entre groupes statutaires. Les officiers coloniaux y décrivaient la présence de « suzerains » nomades qui exploitaient leurs « serfs » sédentaires supposés descendants d'esclaves. Aujourd'hui, les statuts des uns et des autres semblent en perpétuelle renégociation, parfois avec violence. Pourtant, en y regardant de plus près, ce tableau bien connu devient moins familier : localement, l'agriculture nécessite peu de travail, les droits de propriété sont instables et incertains, tandis que la filiation cognatique, l'exogamie et la grande mobilité des populations brouillent les limites des groupes sociaux. Dans le même temps, la présence de l’État reste limitée et ambiguë. Statuts, propriété et travail apparaissent ainsi comme étant des catégories intrinsèquement contextuelles qui à la fois reflètent et constituent un mode de...
Comments
(Leave your comments here about this item.)