En 1956, Fanon met fin à sa mission en Algérie. Sa conscience était devenue le « siège de débats impardonnables » puisque, comme il l'écrivait dans sa lettre de démission, « les bases doctrinales [de la psychiatrie] s'opposaient quotidiennement à une perspective humaine authentique ». Cet article revient sur l'ambivalence de Fanon à propos de la posture ethnopsychiatrique de son temps. Je suggère que ses écrits concernant le rôle des cultures dans l'atmosphère thérapeutique sont tout sauf cohérents, parce qu'ils sont irrémédiablement le fruit d'une époque fascinée par la maladie mentale des peuples colonisés mais également contradictoire, marquée par un foisonnement de théories pseudo-scientifiques et la violence exacerbée de la société coloniale. Son mode de raisonnement dans le domaine de la cure est néanmoins essentiel, parce qu'il nous force à laisser de côté toute tentative de vulgariser les cultures et à repenser la relation entre aliénation et altérité.
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