Cet article examine les concepts « d'être chez soi » et « d'étranger » pour les migrants et les citoyens au crépuscule de l'empire. Il porte son attention sur les « cheminots refoulés » originaires de l'ancien Soudan français (l'actuelle République du Mali) qui furent expulsés du Sénégal peu après la déclaration d'indépendance de ces deux pays. Il s'intéresse également aux autres « Soudanais » installés au Sénégal, parfois sur plusieurs générations. À partir d'archives récemment ouvertes en France, au Mali et au Sénégal, et d'entretiens avec d'anciens cheminots et « migrants soudanais », de part et d'autre de la frontière, cet article cherche à historiciser les mémoires d'autochtonie et d'allochtonie construites et contestées dans des projets postcoloniaux de construction nationale. La Fédération du Mali se voulait porteuse de la mémoire persistante de projets politiques fédéralistes, mais elle s'avéra indéfendable quelques mois seulement après l'indépendance de la Fédération de la...
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